Journée mondiale de lutte contre le cancer

“Dissiper les préjugés et les idées préconçues concernant le cancer” est le thème retenu cette année pour la célébration de la journée internationale contre le cancer, commémorée à Moroni hier sous le haut patronage du président de la République. A travers cette manifestation, les organisateurs ont voulu sensibiliser la population sur le rôle important de l’éducation dans la lutte contre le cancer, une maladie qui survient lorsque des cellules anormales de n’importe quelle partie de l’organisme humain continuent de se multiplier de façon incontrôlée.

Le président Ikililou Dhoinine salue cette initiative qui permet de jeter un regard sur le chemin parcouru dans la prévention de la lutte contre le cancer dans notre pays et mesurer la longue route qui reste à parcourir pour gagner la bataille contre ce fléau qui tue plus que le Sida, le paludisme et la tuberculose dans le monde. Le chef de l’Etat indique que le cancer touche environ vingt cinq millions de personnes dans le monde avec sept millions de décès par an, dont la plupart surviennent en Afrique.

“Les recherches faites par l’Union comorienne contre le cancer (Uccc) en 2009 ont montré que toutes les formes de cancer sévissent aux Comores. En outre, notre pays accuse un retard important dans la localisation de la lutte contre cette maladie qui ne cesse de progresser“, remarque-t-il. Le président Ikililou Dhoinine a fait savoir à l’assistance qu’il est en première ligne de la lutte contre la maladie depuis le début.

Le locataire de Beit-salam a milité pour la création de l’association de lutte contre le cancer et procédé à la nomination du point focal national contre cette maladie. Selon les données disponibles dans le pays, les cancers féminins prédominent par rapport aux autres. “La vaccination contre le cancer du col de l’utérus doit alors être un objectif primordial“, a insisté le chef de l’Etat avant d’ajouter que “l’action du gouvernement en matière de Santé sera aussi jugée sur les résultats obtenus en matière de prévention et de lutte contre le cancer“.

Lisant le message du directeur régional de l’Oms pour l’Afrique à cette occasion, le représentant résident de l’Oms à Moroni a rapporté que le cancer est un vrai problème de santé publique, à l’origine de nombreux décès dans la région africaine. “On estime que près de 12,4%, soit environ cent millions de personnes des huit cents quatre millions d’habitants de la région africaine développeront un cancer avant d’avoir atteint l’âge de 75ans”.

Selon le docteur Yao Kassankogno, en appliquant ce pourcentage aux Comores, on aura environ quatre-vingt mille personnes qui vont développer le cancer avant l’âge de 75 ans.“Le risque augmente avec l’âge et 90% des cas de cancer surviendront après l’âge de 40 ans, a-t-il fait savoir. Le représentant de l’Oms précise qu’il existe une multitude de préjugés et d’idées préconçues concernant le cancer et la population doit connaitre la vérité pour mieux se protéger.

“Le cancer n’est pas causé par une blessure, une tuméfaction ou une ecchymose. Le cancer n’est pas contagieux. Dans la région, de nombreuses personnes ne savent pas qu’elles sont affectées par un cancer jusqu’à un stade avancé de la maladie, faute de sensibilisation et à cause de la faiblesse des capacités des diagnostics dans nos pays“, a-t-il souligné.

Quant au président de l’Union comorienne contre le cancer (Uccc), il est revenu sur le constat de la prédominance des cancers féminins et a, ensuite, évoqué la démarche de l’Uccc à approcher le Chu de La Réunion pour avoir accès à son laboratoire. “Un accord a été signé en 2010 avec les autorités réunionnaises pour que nous puissions y envoyer les prélèvements sur des malades suspects à titre gratuit. Maintenant le médecin peut obtenir un diagnostic fiable“, s’est ainsi réjoui Mohamed Saïd Abdallah Mchangama.

Il a également rappelé l’arrivée de Halifa Youssouf, le seul spécialiste d’anatomopathologie comorien, qui n’attend que l’acquisition de matériels de laboratoire pour exercer convenablement son travail.

Abouhariat Saïd Abdallah